À SOTCHI, L’HIVER EN MUSIQUE

04/02/2017 | La Liberté

Dans quelques jours ouvrira le dixième Festival international des arts d’hiver, qui entend attirer les mélomanes sur les rives de la mer Noire

Russie L Des palmiers, d’antiques sanatoriums, des parcs à la verdure luxuriante: drôle de Russie. «Il fait bon ici, parfois meilleur qu’à Nice!», sourit Dmitry Grintchenko. Le directeur du Festival international des arts d’hiver de Sotchi aimerait convaincre que la station balnéaire des rives de la mer Noire, désormais mondialement connue pour ses neiges olympiques, est surtout une ville assez chaleureuse pour accueillir musiciens et mélo- manes de tous horizons.

Une manière de récupérer à bon compte la visibilité que les JO ont of- ferte à cette ville d’un demi-million d’habitants, et dont elle ne saurait trop que faire? «Non, l’idée du festival est bien plus ancienne. La première édition a eu lieu en février 2007, deux mois avant que Sotchi ne soit désignée comme ville olympique. Mais il est vrai que nous avons beaucoup profité de cette renommée récente», confesse le directeur de ce festival dont la dixième édition s’ouvrira dans quel- ques jours.

«Nous voulons faire de ce festival l’un des plus grands d’Europe»
— Yuri Bashmet

Reste que l’attrait de cette longue bordure de mer adossée aux mon- tagnes du Caucase n’est pas neuf: son climat subtropical attire touristes et curistes depuis la fin du XIXe siècle déjà, alors que la nomenklatura a pris le relais à l’époque soviétique. Au- jourd’hui, la datcha de Staline est devenue un musée et la belle saison voit les oisifs déambuler sur la prome- nade bordée de palais d’époque réno- vés à grand renfort de stuc.

Véritable star en Russie
Cependant, l’an passé, alors que le Festival des arts d’hiver s’achevait sur un beau concert de gala, on peinait à croire que les remarquables musi- ciens qui se sont succédé sur la scène du Théâtre d’Hiver n’avaient fait le déplacement que pour ce timide so- leil… C’est qu’il y avait là une étoile bien plus rayonnante, celle de l’altiste Yuri Bashmet – une véritable star en Russie et dans le monde de la musique classique –, autour de qui s’est bâtie la manifestation

«MONTRER COMBIEN LA RUSSIE ÉVOLUE»

Sotchi possède quelques atouts, dont un cli- mat tempéré qui attire une clientèle majori- tairement russe, venue de Moscou ou Saint- Pétersbourg. Pourtant, les responsables du Festival des arts d’hiver ne désespèrent pas d’accueillir des mélomanes venus de l’étran- ger. «Nous voulons montrer combien la Rus- sie évolue. Elle a beaucoup changé, et ce festival est une petite brique d’un pont cultu- rel entre les peuples», avance le directeur de
la manifestation Dmitry Grintchenko. Quelques jours dans ce coin de Russie où rien ne ressemble à la Russie garantissent effecti- vement le dépaysement. Mais la longueur du voyage (transit par Moscou obligatoire) et les démarches pour obtenir un visa peuvent dis- suader. Le directeur en est conscient: «Les Européens ne sont pas habitués à ces procé- dures administratives. Nous avons bon espoir que cela soit prochainement facilité.» TR

A l’issue de cette soirée de musique où, devant un millier de spectateurs, le maître s’est illustré à l’archet mais aussi à la baguette de son orchestre Novaya Rossiya, les solistes se retrou- vaient pour un buffet en coulisses. On y croisait différents administrateurs d’origine asiatique ou encore le direc- teur de l’Orchestre philharmonique de Zagreb, preuve de l’internationali- sation grandissante du festival.

Soutiens officiels
«Je connais Yuri Bashmet depuis près de 20 ans, c’est un ami avec qui j’ai déjà fait beaucoup de musique. Mais c’est la première fois que je joue ici», explique Hervé Joulain, premier cor solo de l’Orchestre national de France, venu avec trois autres collègues pré- senter une pièce de Schumann de haute voltige. Le pianiste autrichien Ingolf Wunder était de ce concert, alors que des artistes de renom comme Daniele Finzi Pasca, metteur en scène suisse de la cérémonie de clôture des olympiades russes mais aussi de la prochaine Fête des vignerons, étaient encore à l’affiche.

«Non, je n’invite pas que mes amis, tempère Yuri Bashmet. Beaucoup de musiciens qui jouent ici viennent en Russie pour la première fois. Nous invitons les artistes que nous pensons être les plus intéressants et les plus créatifs.» Mais cette programmation doit évidemment beaucoup à la re- nommée et aux nombreuses relations du célèbre musicien…

Lequel ne cache pas ses ambitions: «Le cas du festival de Sotchi est unique, il est difficile de trouver une autre ma- nifestation qui, en seulement dix ans, ait acquis une telle réputation. Nous faisons de notre mieux pour faire de ce festival l’un des plus grands d’Europe. Pas seulement en taille, mais aussi en contenu, en proposant des concerts intéressants, des projets éducatifs, des expositions, des conférences interna- tionales.» Pour ce faire, relations tou- jours, le musicien peut compter sur l’un de ses grands admirateurs qui n’est autre que… le président Vladimir Poutine. Son ministre de la culture Vladimir Medinski, présent dans la salle lors du concert aux côtés du maire de Sotchi, n’a d’ailleurs pas manqué de manifester son soutien, à l’heure de porter un toast comme les Russes savent le faire: «Nous avons de grands projets pour l’avenir de ce festival!» >>

> Festival des arts d’hiver de Sotchi (Russie), du 15 au 26 février. www2022.wiafs.ru/eng
> Reportage réalisé à l’invitation du festival.

La Liberté
Дата публикации: 04/02/2017
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