Par Wolfgang Spindler • Dernière MAJ: 23/02/2020
Le treizième Festival d’hiver d’art international s’est ouvert à Sotchi en Russie sous l’impulsion de l’illustre violoniste russe Iouri Bashmet, son directeur artistique.
Ce début de programmation a été marqué par «Don’t leave your planet» : cette pièce tirée du «Petit Prince» d’Antoine de Saint-Exupéry sur une musique du compositeur eusse Kuzma Bodrov est portée par le comédien russe Konstantin Khabensky avec l’accompagnement des Solistes de Moscou dirigé par Iouri Bashmet.
«C’est l’histoire de quelqu’un qui voit la vie de manière très spirituelle,» indique Konstantin Khabensky. «Cette pièce est une conversation franche d’une personne avec elle-même, une personne qui se trouve dans le désert, à la frontière entre la vie et la mort,» ajoute-t-il.
Les multiples casquettes de Iouri Bashmet
Une première mondiale a été réservée pour le gala d’ouverture : une composition pour orchestre et voix avec le chanteur chinois installé en Suède Xiangping Xiao.
La violoniste Clara-Jumi Kang, allemande aux racines sud-coréennes, s’est également produite lors de ce concert aux côtés du All-Russian Youth Symphony Orchestra sous la direction de Iouri Bashmet.
La jeune musicienne connaît ce dernier depuis de nombreuses années. «J’ai grandi en écoutant sa musique et c’est une personne incroyablement agréable, très humaine,» confie Clara-Jumi Kang. «C’est un grand plaisir de jouer aux côtés de quelqu’un qui transmet une telle chaleur,» renchérit-elle.
Interrogeons justement cette figure du festival qui a aussi un grand sens de l’humour : rêvait-il depuis toujours, d’une carrière dans la musique classique ? «Non, quand j’étais jeune, j’adorais les Beatles,» reconnaît Iouri Bashmet. «Je jouais leurs morceaux et j’essayais de chanter comme eux, je jouais de la guitare et j’avais un groupe,» poursuit-il. «Je suis jaloux quand j’entends de très bons musiciens de jazz, je suis jaloux parce que j’étais trop paresseux pour jouer du piano : je ne jouais pas trop mal, je peux faire des blagues au piano,» s’amuse-t-il. Ce qu’il ne manque pas de faire immédiatement en s’installant devant un clavier.
Master class
Le festival de Sotchi propose aussi des master class, notamment avec le Suisse David Bruchez qui enseigne à la Haute école des arts de Zurich.
«On dit tout le temps qu’on doit chanter dans sa tête, puis, cela passe sur les lèvres, puis dans l’instrument,» indique le tromboniste et chef d’orchestre.
«C’est pour cette raison que je chante toujours : même si je joue du trombone, je suis en train de chanter,» dit-il dans un sourire aux côtés de ses élèves du jour.
Invitation au voyage
Le festival a envoyé une autre invitation au voyage avec un concert de la Gambienne Sona Jobarteh, la première femme au monde à s’imposer comme virtuose de la kora, une harpe à calebasse transmise habituellement de père en fils dans les familles de griots, gardiens de la tradition orale en Afrique de l’Ouest.
Ce festival abolit les frontières en fusionnant les genres musicaux et les formes d’art. Son directeur Iouri Bashmet s’efforce d’encourager le dialogue entre les cultures. Mission accomplie.